Le off de la transat

Et si on passait côté backstage, l'envers du décor.
L'article sur la transat relate sincèrement notre ressenti et l'histoire telle que nous l'avons vécue à 4 "anecdotes" près.
Nous avons choisi de leur consacrer ce post.

Histoire de pêche :
Nous avons donc pêché une superbe daurade coriphène de 90 cm pour 3.8 kg dès le deuxième jour de nav. Ce que l'on a pas raconté c'est le malaise à la remontée à bord.
En effet,  après de longues minutes de "travail" au moulinet du poisson ferré, à l'approche du bateau nous avons découvert que notre prise etait escortée par 2 consoeurs de même taille. Elles sont restées à côté d'elle jusqu'au bout et étaient encore là à suivre le bateau pendant que nous administrions la dose létale de rhum dans les branchies. Cela fait un drôle d'effet.
Le pire c'est qu'à la remise à l'eau du rapala l'une d'elle a mordu dans la foulée. Nous l'avons relâchée.
Deux solutions : soit ces bestioles sont stupides et affamées, soit elles nous l'ont joué sentimental et suicide collectif.
Toujours est il que les lignes sont restées au sec pendant une petite semaine après cet épisode histoire de ne pas vérifier la seconde hypothèse (et aussi parcequ'il nous a fallu 5 jours pour finir la première)

Histoire d'oiseaux :
Si vous avez lu l'article sur la traversée du golfe de Gascogne en mai dernier,  vous vous rappelez peut être que Ti'Amaraa a été le refuge au large de "Rondi", une petite hirondelle égarée.  Cette fois-ci au beau milieu de l'Atlantique,  nous avons découvert une mouette confortablement installée sur notre rangée de panneaux solaires.  Si une hirondelle ne fait pas le printemps,  c'est quoi la maxime avec une mouette ? Vivement la transpacifique...un condor des Andes ?

D'où venait elle ? Que faisait elle si loin des côtes ? Après sa sieste, elle a décidé de reprendre sa route. Toujours avec son côté SPA, la Cap pensait qu'elle allait revenir et suivre le bateau.
"Pauvre bête, elle est loin de toutes côtes quand même".
Le Cap plus objectif a prié pour ne plus la revoir compte tenu des fientes étalées sur les panneaux. Elle n'a pas fait que se reposer la bougresse !

Mais l'histoire ne s'arrête pas ainsi, nous avons une grande nouvelle. Telle Rambo ou Terminator,  Rondi is back! Rondi 2 a élu  domicile sur Ti'Amaraa à 350 nm avant l'arrivée. A trois jours de la terre, nous ne pouvions pas en rester là.
Après avoir passé la journée à nous observer à bonne distance, en fin d'après-midi elle a démarré les tentatives d'approche.
"Promis Minou si elle s' oublie sur le pont, c'est moi qui nettoye"
N'y tenant plus un encas à base de biscotte et d'eau lui est préparé.  Elle accepte de s' alimenter mais uniquement en picorant le bout des doigts de la Cap. Trop mignon. Même le Cap en prend un coup.
Elle finira par faire chavirer le coeur de tout l'équipage quand à la nuit tombée, elle cherchera à nous rejoindre à l'intérieur du bateau.
Et nous voilà à construire un petit nid douillet pour notre Rondi qui ne se fait pas prier pour s'y lover.
Aux quarts de nuit seront associés le relevé des paramètres vitaux de notre hôte.
Mais au petit matin,  bad news : Rondi n'est plus.
Nous lui aurons juste permis de s' eteindre le ventre plein et bien au chaud dans la coque propriétaire.

Histoire de ciel :
Nous avons beaucoup voyagé, vu des aurores boréales finlandaises, les ciels sombres de haute altitude népalais... Cependant, nous n'oublierons jamais ces fins de journées au large et en particulier, celle célébrant la mitransat.
Un beau ciel dégagé laissé présager un beau coucher de soleil face aux étraves. Confortablement installés sur notre fly (ben oui le 39 a un fly..enfin un roof), nous avons attendu pour observer cette merveille. Quelle splendeur!
Au delà des traditionnels camaïeux rouge-orangés,  Dame Nature nous a offert 2 rayons verts d'une intensité inoubliables. Il s' agit des derniers rayons jaunes du soleil qui, du fait de l'angle, traversent une épaisseur d'eau bleue avant de repasser dans l'air. Nous en avions vu des beaucoup moins beaux en Méditerranée et en Polynésie. Celui-ci ou plutot ceux-là resteront à jamais dans nos rétines.
Et, la soirée n'était pas finie. Après l'apéro dînatoire dansant de mitransat (et oui on est des dingues! vous comprendrez mieux le niveau de joie ce soir là plus bas...),  pas envie de regarder un autre film que celui que la vie nous offre. Assis sur les jupes arrières,  nous passerons des heures sans mot dire à contempler l'océan scintillant du plancton luminescent et une voûte étoilée extraordinaire.  Des dizaines de milliers de lueurs accompagnées de belles étoiles filantes berceront nos rêveries.
Quelle soirée inoubliable!
Même si vous ne devez faire une transat que pour voir ça,  faites la.

Histoire de M...E :
Ce n'est pas la blague a deux balles issue d'une brève de comptoir du café du port juste un petit conte...

Il était une fois Bernard & Bianca, B&B pour les intimes, sur leur bateau voguant heureux sur l'Atlantique vers l'ouest.
Rassasiés par les bons fruits et légumes frais cap verdiens,  la vie coulait paisiblement.
Jusqu'à ce matin fatidique où Madame Souris remonta toute penaude de sa pause "éjection des résidus de transit" (pas mal comme terme non ?)
"Euuuuh Minou,
(Sur Ti'Amaraa,  les souris s' appelent minou c'est comme ça)
ze crois qu'on a un problème.  Le WC il nnnaspire pu".

Et voilà B&B devant la cuvette à regarder la boue marronâtre tournoyer sans disparaître.
Bonne nouvelle !!
Il y a une autre salle de bain avec WC dans la souricière tribord de Ti'Amaraa !
Mauvaise nouvelle !!
On est dans la M...EEE !!!!

Pas de problème Mr Souris a la solution.
"C'est la pompe qui doit être obstruée "
Allez, les outils qui se croyaient pénards pour 20 jours, au taf ! Faut la démonter.
Mais qui dit la pompe dit toutes les tuyauteries entrée/sortie et surtout la dite cuvette...
Cool : activité vidage de la cuvette à la main à 10h du mat. Même pas mal. C'est officiel Bianca n'a plus du tout le mal de mer.
Résultat des courses : C'est pas la pompe.

Pas de problème Mr Souris a la solution.
"C'est le tuyau qui doit être bouché. No soucy on va brancher le compresseur"

Moteur allumé,  Convertisseur aussi, c'est parti pour 6 bars ...
Et pafff jolie gerbe de liquide non homologué sur le pov Bernard...Gloupsss...
Résultat des courses : C'est bien bouché mais l'air n'y fait rien..et Mr Souris part se doucher.

Pas de problème Mr Souris a la solution :
Des morceaux type coquille d'oeuf sont sortis. Ça ressemble à du calcaire???? En bons chimistes, les B&B s' activent à repertorier tous les acides du bord.
Une demi bouteille de chlorhydrique pour l'un
2 bouteilles de vinaigre pour l'autre
"Non pas le balsamique !"
Et les voilà en atelier Chimie 2000. Ça mousse, ça agit , ça coule...ils pataugent...Mmmm
Résultat des courses : C'est toujours bouché et ils vont manger leur dernière salade sans vinaigrette.

On zappe l'épisode inspection avec l'endoscope relié au PC, les tentatives de débouchage mécaniques diverses et variées.

Pas de problème Mr Souris a la solution :
" Demain il fera jour"
La porte de communication de la souricière babord en bordel est fermée. Pas grave en nav le carré est le repère des souris nuit et jour. La nuit porte conseil paraît il ?

Et au petit matin :
Pas de problème Mr Souris a la solution :
"On va déconnecter ce foutu tuyau et le déboucher à l'extérieur"
Sur le papier, c'est hyper simple.  On débranche côté cuvette et côté cuve eaux noires et hop le tour est joué.
En pratique,  il faudra entièrement démontrer la cuve d'eau noire pour pouvoir accéder à l'objet du délit.
S' il n'y avait eu que ça... Lagoon c'est du costaud, on confirme ! Ce foutu tuyau est fixé aux parois par une multitude de liens plastiques (type Tirap) tous plus inaccessibles les uns que les autres.
Les premiers sautent sans trop d'encombre. Bernard joue à l'équilibriste tête en bas pour atteindre les derniers "sécurisé" par les petits bras musclés de Bianca. Yes! Ils sont tous coupés. Le tuyau va être libre.
Résultat des courses : le tuyau ne bouge toujours pas et Mr souris se gratte de mille et une piqûres de fibres de verre.

Pas de problème Mr Souris a la solution.
"Ils ont dû aussi le fixer à la paroi côté cuvette"...
A ce moment précis du conte, il ne  faut pas cacher que les oreilles des ingénieurs du bureau d'études Lagoon ont du siffler. Pourquoi toutes ces fixations ? Il va pas s' envoler ce put*** de tuyau !!!! Arrghhh...."

Reprenons...

Bon soit, il faut aller le détacher à l'autre extrémité mais comment ? Le tuyau disparaît derrière la cloison au niveau de la cuvette.  Pas de trappe, le plancher du couloir ne correspond pas.
Shit! Quand ça veut pas...

Pas de problème Mr Souris a la solution.
"On va se faire une trappe"
A côté de la cuvette,  les souris disposent d'un joli petit meuble pour stocker le papier WC et qui sert de refuge pour la pompe eau salée.
Le tour est joué. Il ne reste plus qu'à ouvrir une trappe dans la petite cloison gelcoat arrière.  On n'y verra que du feu.
On reconfirme Ti'Amaraa c'est du costaud.  La "petite" cloison interne du placard s' avère faire plus de 13 mm d'épaisseur de fibre de verre gelcoatée hyper résistante. Mr Souris passera des heures en tailleur à faire le contours à la perceuse avec des forêts de différentes tailles et re-poussière de gelcoat. Qui s' y frotte, s' y pique et s' y gratte.
Bon, ça c'est fait. On va en finir avec cette histoire oui ou non ?
Résultat des courses : il y a bien 4 colliers supplémentaires au fin fond du tréfond de la coque qui sont normalement les derniers remparts à franchir. Et, on fait comment ?

Pas de problème Madame Souris a la solution.
(Faut pas croire mais elle participe depuis le début de la plaisanterie à la fois arpète et femme de menage au fur et à mesure pour minimiser les dommages collatéraux).

Elle peut se faufiler ainsi que ses petites pattes ambidextres et attendre tous les colliers. C'est gagné !!
Euuuuh,  non.
"Minouuuu...
y sont trop durs les colliers.
Zarrive pas à les couper avec la pince".
Petites mains oui mais pas assez costauds.  On peut pas tout avoir.

Pas de problème Mr Souris a la solution :
Et hop, la mini disqueuse Dremel avec son flexible téléscopique est mise au jour.
Quand on dit qu'il faut TOUS les outils en voyage.
Ça va beaucoup mieux.
Bianca s' applique à décapiter les colliers made by Musclor les uns après les autres sans défoncer les câbles électriques aux alentours.
Dieu des souris svp faites qu'il n'y en ait pas d'autres sous le plancher parce que dans ce cas pas sûr qu'il nous reste des solutions.
Résultat des courses : les colliers virent, le tuyau bouge !!! et Bianca se gratte piquée aussi par la même armée d'aiguilles de fibre de verre.
Merci Lagoon et le Dieu des souris ! ALLELUYA !!!

Le fichu tuyau est ainsi amené à l'air libre, les souris aussi.
Le clapet anti-retour est démonté. Tout est entartré en seulement 8 mois ! Du jamais vu sur aucun des bateaux précédents!
Le jet d'eau salée de la pompe de pont et quelques coups de marteau permettrons de venir à bout de l'histoire. Tout est nettoyé comme neuf. En revanche,  pour le remontage on verra plus tard. Il n'y a plus d'urgence.
Les souris jubilent fatiguées,  les mains et les bras endoloris et meurtris mais préfèrent sourire de cette aventure.
Allez, elles vont pouvoir profiter un peu mieux de leur voyage à présent. Parceque pendant tout ce temps, le vaillant Ti'Amaraa assisté de Nestor son pilote a tracé la route. Merci les gars ! Voilà nos B&B à mitransat. Le coucher de soleil s' annonce très joli. Elles ont mérité une belle soirée à la cool, non ?
La boucle est bouclée. Vous comprenez mieux l'apéro dansant, le rayon vert ?
Comme pour tous les personnages de dessins animés,  tout est bien qui finit bien.

Épilogue ou à faire à l'escale :
Acheter du chlorhydrique et autres produits déboucheurs
Se renseigner sur ce phénomène d'entartrage des wc à eau de mer
Prévenir les bateaux copains et autres propriétaires.
Faire une maintenance préventive au moins mensuelle
Acheter du vinaigre et de la salaaaaade.

PS: Vous nous excuserez pour l'absence de photos mais ce n'était vraiment pas à propos de sortir les flashes

La transat


C'est donc terminé ... déjà...
Nous avons traversé avec succès cet Atlantique source pour nous de centaines d'interrogations, de lectures et de rêves. Pour être honnêtes, nous aurions aimé que cet océan soit sans fin tant nous avons vécu ensemble une histoire belle et forte.
Partis du Cap Vert le 3 décembre à 16h utc, nous n'avions volontairement pas de "point de chute" précis défini. Serons nous arrivés pour Noël ? Et où? Tout nous était égal. C'est aussi ça qui fait l'essence même de notre Ti'Amaraa. La liberté de choisir où les éléments nous porterons et ce avec une nav la plus confortable qui soit. Nous verrons bien.

C'est ainsi que nous avons levé l'ancre Cap sur Sainte Lucie et que nous sommes à Bequia. Bé? Quoi?...
On en voit déjà se precipiter sur leurs Atlas et autre Wiki pour nous repérer. Pour info cela se prononce Békué.
Si nous sommes dans l'Admiralty Bay ce n'est pas non plus un total hasard. Il y a quelques années nous avions loué tous les 2 seuls un cata et avions passé une semaine inoubliable entre Martinique et Tobago Cays. Nous avions gardé un très bon souvenir d'escale dans cette grande anse avec notre "Jaspe".
Alors, quand le vent après 3 jours de nav a semblé vouloir nous orienter plus sud que prévu,  il ne nous a pas fallu longtemps pour nous mettre d'accord.
"Et si, nous reprenions l'arc antillais là où l'on s'était arrêtés ?"

Mais bon avant tout ça,  c'est bien la transat l'objet de cet article.
Par où commencer?
Que dire de ce moment hors du temps ?
Comment arriver à expliquer la vie dans notre bulle ?
Pas envie de le faire comme un journal de bord avec les détails de la vie à bord et des conditions de nav jour après jour.
Difficile de résumer en quelques lignes ce que nous avons vécu pendant 16 jours de mer.
Nous rêvions de cette aventure transatlantique à 2. Nous y voilà!
Beaucoup nous déconseillaient de partir sans équipiers.  La gestion des quarts, l'ambiance à bord... Nous n'avons pas écouté le chant des sirènes.  Nous respectons bien sûr ceux qui font ce choix mais nous ne voulions pas ça.
Le Lagoon 39 nous l'a permis. Ce bateau est idéal pour 2. Il passe très bien dans la houle océanique (même croisée !) et a été d'un confort, d'une sécurité et d'une confiance sans faille.  Il est in fine assez simple à la manœuvre. Les forces en jeu n'ont à aucun moment mis en défaut notre équipage "réduit". Manger, dormir, naviguer, bricoler, cuisiner TOUS les jours à plat avec un tel niveau d'équipements de confort est un luxe que nous avons apprécié à sa juste valeur TOUS les jours.
Nous avons aussi appris à mieux le connaître,  comprendre ses manoeuvres, son fonctionnement, à apprivoiser ses bruits et même à anticiper ses mouvements.  Aujourd'hui ouvrir/fermer le code zéro,  gréer le Parasailor...ne nous posent plus de problèmes existentiels.
Nous avons aussi pu décoder son autonomie.
Gasoil tout d'abord :
Partez sur 2,5 L/h par moteur. Les Yanmar consomment un peu moins à 2500 tours mais c'est une bonne base de calcul. Entre les 400 litres du réservoir et 85 litres en bidons nous avons eu assez d'autonomie pour cette transat.
Le manque de vent certains jours ou l'envie d'une bonne douche chaude un autre ont pu être comblés grâce à nos Totoche allumés alternativement.
L'énergie, on a du nouveau !
Nous pouvons à présent confirmer que sous ces latitudes et avec un bon niveau d'ensoleillement quotidien les 600w de panneaux solaires permettent de nous rendre autonome au mouillage (validé à Mindelo) et aussi en navigation.  Petit bémol toutefois on parle bien sûr en nav de jour. Les consos de bord et du pilote sont absorbées. Il y a même du bonus d'ampères pour les batteries. Cependant, en transat il y a aussi les nuits à gérer. Le déficit généré ne peut se remonter.  Notre solution qui joint l'utile à l'agréable : 2h de groupe après dîner. Le temps d'un bon film partagé, les batteries remontent à plus de 13 V. Et c'est gagné jusqu'au lendemain soir.
Bien sûr, si nous avons dû allumer les moteurs dans la soirée par manque de vent (fréquent en fin de transat), on peut se passer du groupe...voire du film...bien qu'avec le convertisseur ça marche aussi très bien.
L'Eau :
Grâce à l'intervention experte et avisée d'un technicien à Ténérife mandaté par Sea Recovery France, notre dessal fonctionne (enfin!). Il nous a tout de même été demandé d'éviter de le mettre en service lorsque la mer est trop agitée afin d'éviter l'admission d'air dans le reseau d'entrée.
Nous avons produit 3 fois 2 heures d'eau (environ 350 litres) principalement pour le tester. Avec 600 litres même en consommant l'eau du dessal il nous en aurait resté à l'arrivée. Nous consommons environ 25 litres par jour à 2 soit un quart de réservoir tous les 6 jours.
Quel plaisir de prendre nos petites douches quotidiennes en mer sans trop se soucier du niveau de la cuve !
L'option eau de mer autant à l'évier qu'en pompe de lavage de pont est très utile et permet d'arriver à ces conclusions en terme d'autonomie.
Nettoyer un poisson fraîchement péché et les salissures sur la jupe à jet d'eau salée...le top!
La pêche parlons en :
La deuxième journée en mer a été couronnée par la remontée à bord de 2 dorades coriphène de 90 cm soit près de 4kg chacune. Nous en avons relâché une. Autant dire que nous l'avons cuisinée et mangée à toutes les sauces et plusieurs jours.  Les valeureux appâts ont été mis en RTT pendant 10 jours le temps que le stock diminue. Et dire que nous ne comptions pas sur le fruit de notre prélèvement naturel à la mer !
Il a fallu in fine apprendre à gérer les ressources pour ne pas perdre les produits frais embarqués et ceux récoltés... Pas facile notre vie...
Une fois remotivés à pêcher,  nous avons dû abdiquer quelques jours devant une multitude d'algues flottantes qui se prenaient dans les appâts.
Mais compte tenu de l'avitaillement du bord, on ne risquait ni la malnutrition ni le scorbut.
Enfin le 15 ème jour, nous avons remonté un baliste bois, espèce rare d'après nos tablettes. Nous l'avons immédiatement remis à l'eau.
Quant aux conditions météo ?
Tous les modèles étudiés avant le départ étaient de bonne augure.
Les gribs pris en mer tous les 3 à 4 jours par l'iridium nous ont permis de nous frayer un chemin parmi les dépressions et les calmes anticycloniques.
Nous avons pu profiter les 6 premièrs jours d'une pleine lune magique faisant miroiter l'océan toutes les nuits après nous avoir laissé profiter de la voute étoilée en guise de dessert quotidien.
Les journées ont toutes été très ensoleillées. La chaleur et la puissance du soleil sont montés crescendo. Jour après jour nous avons vu la température de l'océan grimper de 26° au Cap Vert à 30° à partir du 15 ème jour de la traversée.
Passé le 50° ouest, la nav a changé. Nous avons connu des jours et des nuits sans vent sur un océan aux allures d'un lac avec le compteur de miles quotidien inférieur à 120nm. Nous avons aussi fait connaissance avec les fameux grains et leurs accélérations et désorientation du vent. Ces nuages gorgés de pluie de fin d'après-midi ou de nuit nous ont fait vivre des sessions de voile sportives par plus de 30 noeuds et des surfs à près de 10 noeuds pour notre Ti’Amaraa sous Parasailor . Aouuff ça décoiffe.
On a fini par apprendre à les "passer" sans forcément réduire la voilure en essayant juste de profiter de l'accélération offerte. Pas toujours simple cependant. Merci au radar pour l'indication de localisation des pluies (surtout la nuit!), parceque faire les singes à l'avant de nuit sous la pluie par mer de travers même attachés et avec nos gilets lorsque l'on peut s' en passer on ne s' en plaint pas.
À ces grains près (mais qui font partie intégrante de la nav sous ces latitudes), on ne pouvait rêver meilleures conditions pour traverser.
Et la nav dans tout ça ?
Qui dit belles conditions météo ne dit pas forcément belles sessions de nav. En effet, un temps trop beau et souvent synonyme de journée "moteur" par manque de vent.
Nous avons eu 4 journées et 4 nuits avec un vent très faible. Lorsque l'état de la mer permettait une vie à bord confortable nous restions ainsi à la voile à 3, 4 noeuds (vive le Parasailor). Mais faire le bouchon sur l'océan au gré de la houle croisée pendant des heures, c'est pas trop notre truc. Merci les Yanmar pour le coup de pouce ces moments là.
Tous les autres jours nous avons eu du bon vent : jamais trop fort (maxi 35 noeuds ponctuellement sous un grain), jamais rafaleux. Éole nous a offert un bon 15 noeuds de moyenne.
Une traversée de rêve comme nous n'osions plus en rêver à la lecture de nombreux recits d'équipages désenchantés à l'arrivée. Et bien si, elle existe cette transat avec farniente à l'ombre, lecture, écriture, bricolages, cuisine, nuits sereines...nous avons eu la chance de la vivre.
Les journées à 20/25 noeuds de vent ont été toutefois les plus fun. Ti'Amaraa filait et on s' est régalés du spectacle.
Quant aux allures, nous avons choisi de faire principalement du portant (vent arrière). Nous avons eu aussi un peu de travers avec une houle 3/4 arrière mais assez confortable.
Nous avons pas mal joué avec nos voiles d'avant. La première moitié de la route, nous  avançions au maxi la journée sous Parasailor ou avec Code Zero et Genois (voiles en papillon) en suivant un angle de vent supérieur à 120° puis nous reprenions du cap la nuit sous code zéro avec un vent plus de travers (90° à 120°).
Il ne faut pas imaginer tout de même que traverser c'est le Club Med. Il y a des moments où la voile c'est du sport. Changer le jeu de voile d'avant nécessite à chaque fois une bonne session de gym et histoire de se tenir en forme, la plupart du temps, on faisait ça au petit matin avant le p'tit dej.
Ajoutez à ces manip un zeste de bonne houle croisée qui vous fait tituber à chaque pas et vous pourrez imaginer la vie à bord certains moments.
Dès le 8ème jour, le vent arrière s'est établi, la houle a tourné arrière et l'Imperator Parasailor a assuré même sur les petits souffles d'air jour et nuit
en nous laissant remiser nos mitaines et autres manivelles de winch. C'est vraiment LA voile qu'il faut à bord si l'on veut faire du portant avec un tel cata sans embarquer un camion citerne de gasoil.
Comme dit le Cap :
"On régate pas, on se régale"
Alors,  oui on aurait pu faire plus vite, oui on aurait pu optimiser la route, oui on aurait pu réduire les voiles plus tard à la vue de grains, oui on aurait pu appuyer un peu plus au moteur les jours de vent molasson...oui mais ce n'aurait plus été le voyage de Ti'Amaraa et sa philosophie.  Tant pis pour les chronos et les tabloïds.
Ceci dit 16 jours de mer pour une lourde maison flottante à 2, avec 4 jours sans vent, on est très satisfaits. C'est honorable. Nous ne sommes pas des compétiteurs, nous sommes des globe flotteurs hédonistes.
Certains pourront penser que c'est ennuyeux et long.
Tiens, qu'avez vous donc fait de ces journées ?
Contre toute attente, peu de lecture au début du trip. L'envie de profiter  de l'univers dans lequel nous étions immergés et de l'aventure que nous vivons nous a empêché de nous plonger dans n'importe quelle fiction si bonne soit elle.
A l'exception toutefois à partir de la mitransat de 2 ouvrages : "le voyage autour du monde" de L.A De Bougainville pour l'un et "le dictionnaire amoureux de la mer et de l'aventure" de JF Deniau pour l'autre. Allez savoir ce qui nous a intéressé ?
Nous avons surtout discuté, écrit,  joué, visionné des films et des classiques de dessins animés, cuisiné, dormi aussi! Cela faisait longtemps que l'on n'avait pas pris le temps tous les 2 ainsi.
Qui dit cuisiner dit manger...Au sûr,  on s' est soignés pendant ces journées de mer. Il paraît que c'est important pour le moral de l'équipage.  Si beaucoup perdent des kilos sur cette route, il faut craindre que ce ne soit pas notre cas. Nous aurons le temps plus tard lorsque l'avitaillement se fera plus rare et plus cher aux escales.
Nous avons aussi eu une autre activité en première semaine....patience un article suit spécialement dédié à ce off transat...
Nous avons filmé des instants de cette vie et finissons de compiler tout ça pour vous l'offrir très vite. Une petite vidéo vaut plus que de long discours....Et là,  on commence à être un peu long.
Alors pour finir, nous voudrions juste souligner le plaisir que l'on a eu à recevoir vos messages avant, pendant et de vous lire à l'arrivée.
Comme publié précédemment,  l'arrivée a été très douloureuse compte tenu des circonstances familiales.  Le choc aussi violent que la joie était grande en nous.
Nous avons été profondément touchés par tous vos gestes et messages de soutien. 
Merci à tous et Merci à nos reporters en chef à terre !!
Sans oublier les échanges SMS Iridium réguliers en mer avec les équipages de Carabosse et de Marie Galante. Bien qu'à plusieurs dizaines de miles les uns les autres, nous avons fait route ensemble et c'était extrêmement bon (et rassurant aussi) !!!
À bientôt dans un beau mouillage les copains.
Le mot de la fin est et restera pour Ti’Amaraa qui est un bateau EXTRAORDINAIRE !!!
Vous l'aurez compris, nous sommes définitivement FANS !!
Prix, Autonomie,  Fiabilité,  Confort, Espace, Sécurité dans 39 petits petons.
Et nous dédions ce post à tous ceux qui critiquent le Lagoon 39, trop lourd, trop petit....une caravane...et blablabla et blablabla.
Bravo Zoulou* Ti'Amaraa !
*Bravo Zoulou : Message par lequel les autorités de la Marine Nationale après exercices, opérations... font savoir "terminé,  félicitations"
Jean François Deniau